mardi 16 novembre 2010

Leçon N° 10 Une question de confort

Le corps comme composante de la communication orale



Le corps en général

Parler assis, debout, devant une table ou le vide n'est pas indifférent à tous.

Il faut avoir conscience de sa position dans l'espace et apprécier celle qui vous sera le plus favorable pour cette communication. La recherche du bien-être doit être votre guide mais il faut savoir faire quelquefois des entorses à la règle car l'image que vous allez donner à votre auditoire n'est pas neutre. N'oubliez jamais qu'avant d'être écoutés nous sommes regardés.

Quand on se sent observé, on prend soudain conscience de notre existence physique et là commence la panique car nous n'avons pas l'habitude de mettre en avant notre corps et nous nous réfugions derrière des mots, des attitudes, des postures...

Nous ne savons plus que faire et nos bras, nos mains qui d'habitude nous accompagnent sans gêne deviennent encombrants à tel point que nous souhaitons les soustraire au regard des autres d'où les mains dans les poches quelquefois, ou les bras croisés.

D'autres vont s'en servir avec excès et verront leurs bras devenir les pales d'un moulin ou leurs mains s'affairer sur un crayon, etc.

La recherche d'un équilibre corporel s'impose donc mais il ne doit pas s'agir d'une décontraction trop proche de la mollesse ni d'un état de contraction trop évident. Ce que l'on doit atteindre c'est un état de décontraction statique disent certains auteurs.

Cet état s'accompagne généralement d'une certaine disponibilité et d'une maîtrise de soi.



Les mouvements

Ni déambulation comme un lion en cage ni prostration telle une statue. Vos gestes doivent être mesurés mais avec une certaine ampleur en évitant au maximum les tics et les gestes parasites.



Le regard



L'importance du regard dans les contacts humains n'est plus à démontrer. Il s'agit souvent de la fonction phatique décrite par Jacobson, qui n'a pour but que la prise de contact avec autrui. Pour démarrer son discours et demander le silence il suffit souvent de regarder son auditoire et ce dernier comprendra le message.

Le regard est l'outil par excellence que l'on utilise à la recherche du feed-back et nous permet de mesurer l'attention des auditeurs.

Mais il ne faut pas oublier certains points:

quand on regarde les autres il faut le faire vraiment, dans les yeux ni au-dessus ni à côté

il faut regarder chacun, car vous devez vous adresser à tous et votre regard doit accrocher celui des autres qu'ils soient deux, dix , mille. Chacun doit se sentir vu.

Le regard ne doit pas être appuyé car vous risquerez de gêner votre interlocuteur ni trop répétitif, n'oubliez pas que vous ne devez pas privilégier un auditeur plus qu'un autre.

C'est avec votre regard et votre sourire que vous pourrez faire naître ce sentiment de connivence entre vous et votre public. Les bons orateurs se doivent d'être crédibles, cohérents, concis mais bon nombre d'entre eux négligent d'instaurer ce rapport plus ou moins étroit avec les autres. Vous ne devez pas considérer votre auditoire comme un public étranger mais au contraire comme un familier.



La voix



Deux politesses de l'orateur :

se faire entendre

se faire comprendre



La voix dépend pour beaucoup de la respiration. Celle-ci est réflexe et doit le rester lorsque vous prenez la parole en public. Si vous faîtes de grandes phrases en annihilant ce réflexe, votre débit s'en ressentira, puis s'installeront fatigue et essoufflement qui entraîneront une respiration bruyante. Ce qui gênera vos interlocuteurs.



Vous devez placer votre voix c'est-à-dire faire en sorte qu'elle ne soit ni gutturale, ce qui vous fatiguera et irritera votre gorge, ni nasale car le son sera nasillard et provoquera une sensation de désagrément chez l'auditoire.

Elle doit se situer dans le masque, que sont les résonateurs de la face.

Votre voix est votre signature sonore. Elle reflète et transmet ce que vous ressentez. L'émotion profonde que vous ressentez sera transmise par votre voix. La joie, l'enthousiasme s'entendront mais la peur, le chagrin également. Il faut qu'il y ait cohérence entre votre voix et le sens des mots et des idées que vous utilisez. Comment parler d'autorité avec une voix trop haute perchée?

Il n'est pas inutile d'échauffer ses cordes vocales quand on n'a pas l'habitude de parler longtemps.

mardi 5 octobre 2010

Leçon N°8: Les gestes peuvent nous enrichir

"Création d'Adam" de Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine

Jacques Cosnier, professeur émérite de l'Université Louis-Lumière-Lyon II et chercheur au Laboratoire ICAR, s'intéresse depuis longue date à la communication non verbale. S'il est avéré que la communication non verbale fait partie intégrante du système d'intéraction qui s'instaure entre des individus qui dialoguent, ce chercheur va plus loin et montre le rôle essentiel et particulier des regards, mimiques, expressions faciales, gestes et postures corporelles dans l'accompagnement des paroles.
Pour vous familiariser avec ses propos vous pouvez reprendre à votre compte quelques exercices effectués par Jacques Cosnier et son équipe.
Ainsi vous demanderez à un participant de raconter une histoire à une autre personne située face à lui comme dans une conversation classique, mais le conteur ne pourra se servir que de ses organes phonatoires et devra s'interdire tout mouvement, mimique. Cet exercice est impossible à mener avec la quasi-totalité des individus.
Vous pouvez demander également à un autre participant de rester debout sans bouger tout en n'exprimant aucun affect, puis au bout d'un certain temps de parler de choses sans importance. L'auditoire remarquera aussitôt la mise en mouvement des mains, du corps tout entier et si l'on contrarie ces mouvements on constatera aussitôt un appauvrissement du langage voire une confusion verbale.
La "multicanalité" signifie que les énoncés sont un mélange à proportions variables de verbal et de non verbal (à la fois vocal et mimogestuel). L'intérêt des travaux de Cosnier réside dans sa volonté de définir le statut de la communication non verbale.
Il distingue donc l'activité mimo-gestuelle qui est liée à la constitution de l'énoncé auquel elle s'intègre, à savoir la gestualité déictique ou désignante (c'est celui-ci qui me plaît le plus n'a de sens qu'avec le geste qui l'accompagne).
S'ajoute une gestualité illustrative qui mime l'action, ou figure dans l'espace certaines caractéristiques de l'objet référent. Ces gestes se retrouvent le plus souvent dans des descriptions de lieux. Comment décrire un escalier en colimaçon sans le geste de la main qui s'enroule? Ces gestes montrent à quel point le corps sert de repères spatio-temporels à l'organisation de la pensée et de matrice à la formation du discours. Exemple: le geste autocentré qui accompagne la phrase C'est mon opinion. Souvent les gestes ont double fonction, ils illustrent la pensée ET ils facilitent son énonciation.
Pour en savoir plus voici deux liens :
http://icar.univ-lyon2.fr/membres/jcosnier/publications.htm
http://icar.univ-lyon2.fr/membres/jcosnier/articles/Gestes_du_dialogue_89.mov.MOV

Comme pour les mots, la richesse des gestes varie d'une personne à l'autre. Pour notre leçon, il est important de noter que si l'on travaille son discours, choisit avec soin ses mots, ses supports pédagogiques, on laisse l'improvisation nous guider en ce qui concerne les gestes. Or, c'est un tort. Quoi de plus ennuyeux qu'un poteau télégraphique donnant une conférence ou a contrario un sémaphore discourir devant nous. De même la répétition de certains gestes peuvent lasser l'auditoire, le détourner d'une écoute attentive.
Il est donc important de repérer notre vocabulaire gestuel et vérifier si celui-ci n'est pas trop pauvre. Souvent on va chercher s'il ne comporte pas de parasites, c'est-à-dire des gestes sans significations, détournant l'attention de l'auditoire. Ces gestes que Cosnier nomme extra-communicatifs n'ont pas de fonction explicite dans la communication mais n'apparaissent pas au hasard bien sûr. On trouve parmi eux les gestes d'autocontact qui traduisent le plus souvent un besoin de recentrage, de réassurance (se gratter, se caresser, se tordre les mains, etc.) et qui peuvent témoigner du malaise de la personne.
Mais on a rarement l'ambition d'enrichir notre gestuelle. Seul, sans vidéo, l'entreprise est mal aisée il est vrai. Pourtant il suffit de prendre conscience dans sa vie courante de nos gestes car ce seront souvent les mêmes qui seront mobilisés lors d'une intervention orale. A partir de cette prise de conscience il est plus facile de s'interroger sur la pertinence de certaines mimiques ou de mouvements de mains.
Et pourquoi ne pas s'approprier des gestes que l'on a vu chez d'autres comme on le fait couramment avec les mots. Avec la même précaution évidemment, quel sens donner à celui-ci , quand l'utiliser, quelle ampleur lui accorder, comment le faire sien?
Ainsi on peut s'intéresser aux gestes phatiques destinés à attirer l'attention de l'aute, d'établir le contact, interpeller. Ils sont utiles en début de communication mais on ne doit pas les négliger en cours d'oral. Ils permettent de recadrer l'auditoire qui se disperse, de faire revenir les distraits, etc. La panoplie est riche. A vous de vous forger votre dictionnaire.

mardi 28 septembre 2010

Lapsus (entr'acte) Quand Rachida Dati dit fellation pour inflation

http://www.dailymotion.com/video/xeynin_lapsus-dati-confond-inflation-et-fe_news
Le lapsus est révélateur a-t-on coutume de dire. On peut s'interroger sur le sens de celui-ci. Ce n'est pas notre propos.
Ce qui est intéressant ici réside dans le fait que l'auteur du lapsus ne s'en aperçoit pas. Après s'agit-il d'un accident ou a-t-il valeur de témoin? Peut-on parler de contamination, d'image flottante ou nomade? En effet, bien que sous le seuil de la conscience elle serait suffisamment proche pour s'y introduire (sans jeu de mots).
Alors comment faire me direz-vous pour éviter ce genre de mésaventure? Dans le cas présent je ne sais. Rachida Daty explique ce lapsus par le fait qu'elle ait parlé trop vite. Oui, sans doute mais cette explication est peu satisfaisante. Quand on parle on ne réfléchit pas à chaque moment à ce que l'on va dire et s'il faut tourner sept fois sa langue avant de prononcer la moindre phrase, le temps imparti pour l'orateur sera à coup sûr dépassé et que dire de la lassitude qui s'en suivra parmi l'auditoire.
Il est certain que le manque de préparation, de concentration ou un stress trop conséquent peuvent favoriser ce genre d'incident. Donc s'isoler avant de prendre la parole en public dans le but de se "recentrer" se "rassembler" est conseillé.
Généralement, l'orateur qui est bien préparé, qui connaît parfaitement son sujet, qui est à la fois concentré et suffisamment détendu sera à l'abri de cet incident.
Mais ce risque existera toujours. Il suffit de ne pas se focaliser sur ce type d'erreur et de faire comme notre ex ministre, ne pas s'en apercevoir et en rire lorsqu'on vous le fait remarquer.
Le seul souci c'est que c'est le seul message qui a été repris.

mardi 2 février 2010

Leçon N° 9 : Communiquer c'est entrer dans l'orchestre

Nous avons vu précédemment comment le modèle linéaire de Claude Shannon pouvait intéresser les professionnels de la prise de parole en public. Cependant, les messages que nous échangeons se réduisent rarement au seul langage, et ils servent à bien d'autres choses qu'à nous informer mutuellement. Vous me rétorquerez qu'un orateur a pour seul but de voir la totalité de ses informations être reçus correctement par son auditoire. Mais est-ce le cas?
La distinction entre relation et contenu montrera que la communication ne se limite pas à l'information, celle-ci n'en constituant qu'une partie. Pour déchiffrer un message ou comprendre un comportement cela présuppose qu'on sache dans quel cadre entre celui-ci, dans quel type de relation il s'inscrit. Une femme qui se déshabille devant un homme n'a pas le même sens si cet homme est son médecin ou son amant. Pour comprendre une plaisanterie, cela induit le recadrage de messages ordinaires. Communiquer suppose une métacommunication, qui indique dans quelle case, à quel niveau ou adresse ranger le message qu'il soit visuel, verbal ou comportemental. Cette spécification du cadrage est souvent implicite mais à l'écrit devient explicite (exemple: lol , dans les chats pour indiquer une blague ou mdr, mort de rire).
Quand Gregory Bateson déclare que "communiquer c'est entrer dans l'orchestre" il indique que vous ne communiquerez pas si vous dissonez ou si votre musique s'harmonise mal avec les partitions des autres et les codes en vigueur. Entrer dans l'orchestre c'est donc jouer le jeu d'un certain code, s'inscrire dans une relation compatible avec les canaux, les médias, le réseau disponible. Or ce réseau nous précède, d'autant plus quand l'orateur arrive devant une assemblée homogène et qu'il est étranger à celle-ci. Comment réagit un formateur devant un groupe de médecins d'où fusent des blagues autour de la maladie?
Ce que suggère Bateson c'est" qu'avant d'envoyer un message, on doit commencer par se demander auprès de qui et sur quel instrument on doit le jouer".
Le modèle de l'orchestre a été introduit par Yves Winkin dans son ouvrage "La nouvelle communication".
On voit qu'avec ce schéma la communication est définie comme la production collective d'un groupe qui travaille sous la conduite d'un leader. Les questions à se poser seront : quelle est la conduite des acteurs?Quel est le code régulateur? Quelle est la prestation de chacun? L'orateur face à son auditoire peut tout à fait s'apparenter au chef d'orchestre dans la mesure où il ne considérera plus ce dernier comme passif mais comme actif et productif. Il ne s'agit plus seulement de transmettre des informations à une masse inactive. Le schéma de linéaire devient circulaire.

mardi 26 janvier 2010

leçon N° 7 : Quand la théorie vient au secours de la pratique

Commençons par préciser un point qui me semble important. Quand on s'intéresse à la communication on trouve généralement des schémas qui modélisent le processus communicationnel. Le schéma présenté ci-dessous est un exemple souvent cité. Mais il faut insister sur le fait que ce schéma dit de la communication n'est qu'un essai de modélisation de la communication. Il ne faut pas l'envisager comme beaucoup le font trop souvent comme LE MODÈLE de la communication. Il emprunte à plusieurs théories que je vais succinctement rappeler ici.
Les chercheurs ont souvent produit des modèles pour expliquer la communication. Chaque modèle est lié à un contexte, à une époque et à un projet scientifique différents. Ce modèle agit selon Alex Mucchielli comme " un mécanisme perceptif et cognitif différents qui transforme la réalité en représentation." Il permet d'en voir certains aspects mais il en occulte également d'autres, ce qui fait qu'il n'est pas envisageable de penser à Un modèle unique de la communication mais à des modèles.
La base de ce schéma est constitué par le modèle du télégraphe encore appelé modèle mathématique de l'information selon Shannon. La théorie mathématique de la communication est née de la télégraphie et de la cryptographie, des efforts de l'ingénieur électricien Claude Shannon. Il chercha des réponses à la question suivante : Comment faire circuler le plus grand nombre de messages en un minimum de temps et cela sans perte?
Ce schéma est linéaire et on trouve deux pôles qui définissent une origine et une fin, la communication repose alors sur une chaîne de constituants : source, émetteur, canal, récepteur et destinataire. La source d'information produit un message (la parole au téléphone), l'émetteur ou encoder qui transforme ce message en signaux afin de le rendre transmissible (le téléphone qui transforme la voix en signaux électriques), le canal qui est le moyen utilisé pour transporter les signaux (câble), le récepteur ou decoder qui reconstruit le message à partir des signaux et le destinataire qui est la personne à laquelle le message est transmis.
Donc ce schéma devient le suivant si on l'applique à la communication orale.
L'objectif de Shannon était de dessiner un cadre mathématique à l'intérieur duquel il est possible de quantifier le coût d'un message, d'une communication entre deux pôles en présence de perturbations aléatoires dites "bruit".
Le présupposé de la neutralité des instances émettrice et réceptrice s'est ainsi trouvé transposé dans les sciences humaines qui se sont réclamées de cette théorie. Or Shannon ne tenait pas compte de la signification des signaux c'est-à-dire du sens que lui attribue le destinataire.
Weaver viendra compléter à cet effet ce modèle.
On finalise ce schéma en faisant appel à Norbert Wiener qui fut le professeur de Shannon. Wiener s'est imposé comme le père de la cybernétique que l'on peut présentée comme la science des machines ou de l'organisation. Il fonde sa réflexion sur le principe de la supériorité du tout sur les parties : chaque élément d'un organisme est fonctionnel et doit contribuer au maintien de l'ordre biologique global. Il introduit un processus de feed-back ou rétroaction, ce qui change la situation car un correcteur permettra ainsi de corriger une erreur ( de tir dans l'ajustement des tirs anti-aériens de DCA pour lequel Wiener était mandaté). Cela s'apparente dans le schéma de Shannon à un mécanisme de réduction du bruit, lui-même assimilé à l'incertitude.
Ce que l'on peut résumer par un schéma emprunté à Mucchielli.
La notion de référent vu dans le premier schéma fait, quant à elle, référence au modèle linguistique de Jacobson.
Dans cet article nous avons donc vu que le schéma de la communication était en fait un modèle "bricolé" à partir d'autres modèles. Il ne faut pas oublier non plus qu'il en existe d'autres comme celui de l'orchestre ou du double flux de l'information ou celui plus connu dû à Lasswel qui, avec sa fameuse question programme ("Qui dit quoi par quel canal avec quels effets") fut à l'origine de longues recherches sur les effets des médias sur les masses .

Si on reprend le premier schéma, dit du télégraphe, on comprend aisément ce qu'il peut nous apporter en tant que professionnel de la prise de parole en public. Si nous souhaitons que notre message soit intégralement reçu, nous devons veiller à éliminer tous les types de bruit, toute déperdition ou du moins essayer de réduire ce bruit. D'où les mises en garde contre les difficultés d'émission, les parasites, les mauvaises conditions qui vont à la fois gêner et l'émission et la réception. On comprend aisément l'importance du feed-back qui va nous permettre de vérifier si l'information est bien reçue, comprise, mémorisée. C'est le b a ba de la prise de parole en public. Ce n'est toutefois pas suffisant car l'apport de Weaver est fondamental car la compréhension est elle-même sujette à des fluctuations difficiles à anticiper. Le récepteur a-t-il par exemple la même représentation mentale que l'émetteur? Mettent-ils le même sens sur ce mot? etc. Car il ne faut pas oublier cette notion de référent auquel va s'ajouter celle de vécu commun. Il est plus aisé de transmettre certains types d'information à quelqu'un qui vient de vivre la même chose que vous qu'à une personne étrangère à votre vécu. Là encore le feed-back est une aide utile pour s'asssurer que l'on parle des mêmes choses ou que ce que vous évoquez ne se traduit pas par un contre sens chez l'autre.
Toutefois ce modèle est incomplet et ne dit pas tout malgré son utilité, et je fais référence à l'école de Palo Alto qui considère que la transmission d'informations n'est pas seule dans la communication mais qu'il faut tenir compte de la relation ce que l'on peut traduire par ce schéma.
On distingue alors le contenu qui est l'information de la relation. Exemple : Je m’approche d’une jeune femme pour lui demander mon chemin (contenu). Ce n’est pas un hasard si je l’ai choisie plutôt que le monsieur à côté (relation).

Perturbation possible : confusion entre le contenu et la relation.
Exemple: Il est possible que je me sois dirigé vers la jeune femme parce qu’elle était la seule présente sur place pour m’aider. Mais, elle peut me mettre une claque, pensant que je la drague.

Il existe également un autre principe, celui de la dualité dans le message. Il y a deux modes distincts et complémentaires :

Digital :lié au langage et à un code; pour communiquer, il est nécessaire que les interlocuteurs aient un code commun (même langue).

Analogique : gestuelle, mimique et posture; ce mode est plus intuitif et reste compréhensible sans dictionnaire !

Perturbation possible : perte ou absence de congruence entre le verbal et le non-verbal; vous pouvez la détecter chez votre interlocuteur. Cela ne vous arrivera pas si vous dites ce que vous pensez et si vous pensez ce que vous dites !

Le troisième principe est celui de la ponctuation des échanges. C’est la suite des échanges dans une communication, une suite de segments et le regard que chacun porte sur le comportement de l’autre.

Exemple : Lui s’enferme dans le bureau parce que sa femme râle; elle râle parce qu’il s’enferme dans son bureau.

Peu importe de savoir qui a raison ou tort, l’important est de comprendre que chacun « ponctue » son échange pour maintenir le système dans cet équilibre.

Chacun fait plus de la même chose, il faut modifier les ponctuations.

Perturbation possible : au premier degré, elle est évidente. Il faut en plus se méfier de la « prédication », ne pas présupposer.

Le mari s’enferme parce qu’il présuppose que sa femme va râler ou la femme râle parce qu’elle présuppose que son mari va s’enfermer. Nous trouvons toujours le moyen de vérifier notre présupposé pour pouvoir dire: « tu vois, je le savais !».

Dernier élément à prendre en compte, celui de la méta-communication. Méta-communiquer, c’est échanger sur sa propre communication au niveau du contenu ou au niveau de la relation.

Exemple: « Si je te dis ça, c’est parce que je t’apprécie. », j’explique et justifie le pourquoi de ma communication. En tapant sur un verre pour obtenir le silence, je « méta-communique » que je souhaite communiquer quelque chose.

Perturbation possible : Ne pas méta-communiquer, ne pas prendre de recul, risque de laisser la communication s’enfermer dans le conflit. Il faut savoir dire : « Il y a quelque chose qui ne va pas. ».

On voit ce que les différents chercheurs peuvent nous apporter mais le nombre de concepts et leur incompatibilité peuvent devenir un handicap. Il n'y a pas une définition du mot communication mais des définitions et les sciences de l'information et de l'information nous confirment ce fait. Elles sont pluridiciplinaires et tentent de nous éclairer sur les phénomènes de communication mais les différentes chapelles peuvent également égarer certains.