lundi 9 novembre 2009

Leçon N° 6 Comprendre l'importance du non-verbal



http://www.dailymotion.com/video/x1vrlq_mohamed-rouabhi_creation

Deux vidéos de Mohamed Rouabhi. Dans les deux cas, nous avons le même texte, collé sur des images animées de Philippe de Villiers pour la première, et lors d'un concert par l'auteur lui-même pour la deuxième. Le slameur reprend l'idée de Marguerite Duras qui a utilisé la bande son de son film India song pour en faire un deuxième avec de nouvelles images. Quand on regarde les deux vidéos, on peut mesurer l'impact des images. Mohamed Rouabhi fait rire sur scène en slamant, De Villiers aussi, mais à ses dépens. Cette vidéo parodique est d'ailleurs beaucoup plus visionnée que l'autre et son impact est plus fort.
Alors pourquoi ça marche?


D'abord, le choix politique de Rouabhi de prendre des images du président du Conseil général de la Vendée n'est pas anodin mais ce n'est pas mon propos ici, ce qui m'intéresse dans cette vidéo c'est de montrer que les attitudes faciales de De Villiers se prêtent à merveille à ce jeu. Les rictus de la bouche sont évocateurs. Ils sont à rapprocher de ceux d'un autre homme politique, Jean Marie Le Pen. Il y a à la fois le dégoût et la colère.














Cependant, je n'ai pas volonté ici de me livrer à des analyses gestuelles de nos hommes politiques mais d'attirer votre attention sur l'importance du non-verbal, injustement relégué, à mon sens, au second plan derrière le diktat du verbe.
Mais si la gestuelle est un vaste objet de recherches elle fait aussi l'objet de dérives interprétatives, qui intéressent d'ailleurs le monde de l'édition, à en juger le nombre élevé d'ouvrages sur le sujet.
En consultant certains de ces ouvrages, vous apprendrez ainsi que chaque geste que vous entreprendrez, comme se pincer le lobe de l'oreille gauche est fortement chargé de symbolisme, vous qualifiant ou vous disqualifiant dans votre vie sociale.
Mais ceci est un autre débat et je vous renvoie au discours de Pascal Lardellier, professeur en SIC à l'Université de Bourgogne qui présentait une conférence sur le thème : Pour une lecture critique des gourous du décodage non-verbal, des sciences aux pseudosciences de la communication.

Ceci étant dit, il ne faut pas pour autant négliger certaines études sur nos gestes et nos comportements, notamment depuis les travaux des chercheurs de l'école de Palo Alto, qui ont remis en cause bon nombre d'idées sur la communication, en insistant pour certains sur l'importance du non-verbal. N'oublions pas que nous faisons partie de la famille des grands primates et à ce titre nos attitudes corporelles et nos mimiques ne sont pas éloignées de celles de nos cousins. Pour preuves ces quelques images empruntées à René Zayan.





Quand on regarde des hommes dits charismatiques comme Obama ou De Gaulle, on s'aperçoit que leur posture, c'est-à-dire le positionnement général de leur corps, est généralement ouverte, que leurs mouvements sont amples, à la manière de ceux des grands singes dominants.
Ainsi on vous apprendra à vous tenir droit, à ne pas croiser les jambes, ni les écarter trop ou de les allonger si vous êtes assis. De même, vous ne croiserez pas les bras, ni les cacherez derrière votre dos alors que vos mains n'iront pas tapoter la table, ne tripoteront pas le stylo ou n'iront pas à la rencontre d'un bouton sur votre visage ou ne presseront pas votre nez, etc. Car ces gestes trahissent souvent votre mal être d'orateur. Il ne faut pas non plus se transformer en sémaphores, multipliant ainsi les informations.
Des gestes, oui, de la gesticulation, non.


Ces derniers devront être le prolongement de votre parole, ponctuer votre discours mais en aucun cas être en contradiction avec vos dires.
Ce qui serait la marque d'une certaine incohérence. Car notre corps peut nous trahir, comme le prouvent les tests liés à la détection de mensonges.
Par ailleurs, des études récentes tendent à montrer que la communication non verbale n'est pas anodine dans le cadre de la formation et de l'éducation. Elles montrent, par exemple, que certains gestes référentiels permettent d'illustrer certains contenus, ou même aident à mémoriser en stimulant des compétences de traitement cognitif parallèles au langage. Le corps de l'enseignant serait également un vecteur de projections affectives et de motivation, notamment sa distance, mais également sa distribution du regard, qu'elle soit sélective, générale ou exclusive.










Ainsi, pour revenir à notre première vidéo, Philippe De Villiers prête son image bien malgré lui car son attitude apparaît méprisante sur les images diffusées .
Pas besoin non plus d'être un nouveau gourou de l'interprétation des gestes pour vérifier la différence entre l'attitude Charles Pasqua et celle d'Edouard Balladur.
Ce qui compte c'est la cohérence entre notre attitude corporelle, notre posture, notre gestuelle et nos paroles.
















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